Hier, à la suite d’un énième procès sur les conditions de détention à Favra, la justice genevoise a reconnu que la détention administrative dans cette prison était indigne pour deux détenus. Elle a demandé leur transfert vers une autre prison d’ici à mardi, et seulement si ce n’est pas possible, leur libération.
Les conditions de détention à la Favra sont critiquées depuis longtemps. Le 8 avril un détenu s’y est suicidé. Suite à cette mort, une dizaine de détenus ont signé une pétition pour demander leur libération en raison des conditions de vie indignes qu’ils doivent supporter. Un procès s’est ouvert dans la foulée devant le tribunal administratif de première instance à Genève.
Favra ne respecte pas les droits des détenus : caméras en surnombre, problèmes dermatologiques, saleté, pas d’internet, « salle » de sport insalubre, fouille à nu avec flexion à répétition, cachot délabré, cafards, pas d’intimité dans les douches communes, promenade trop petite…
Lors du procès, un détenu en grève de la faim depuis 55 jours et qui a perdu 18 kg a raconté que lorsqu’il a parlé de faire comme le « tunisien » il a été puni deux jours à l’isolement, nu avec un matelas éponge et une couverture de survie. Ce n’est pas la première grève de la faim à Favra en 2023. Que ce soit dans les foyers ou dans les prisons, l’état préfère mettre la vie de personnes en danger que de remettre en question son système d’asile. Système qui a déjà fait deux victimes cette année à Genève.
Si la justice a reconnu que la continuité de la détention à Favra n’était pas possible, elle a pris le soin de dire que cela était applicable seulement au deux détenus qui ont portés l’affaire devant le tribunal. Elle n’a pas demandé la fermeture de la prison, les autres détenus y sont donc toujours enfermés dans des conditions inhumaines.
Comme dans ses précédentes décisions sur les conditions de détention à Favra, la justice se limite à demander le transfert sans-délai dans un autre établissement. Seulement si le transfert n’arrive pas, ils seront libérés. Parlons prisons critique ce choix de la justice qui ne libère pas automatiquement. Ces deux personnes ont vu mourir leur codétenu et comme remède ont les changent de prison pour mieux les expulser.
Favra ou Frambois même combat. La détention administrative doit disparaître. On s’en souvient, il y’a 10 ans, la prison de Frambois a connu émeutes, tentatives de suicide et grèves de la faim à répétition. L’enfermement tout comme le stress inhérent au renvoi engendrent ces situations et met en péril la vie des personnes étranger·ère·s.