Alors qu’aujourd’hui à Genève, la température était de 37° à l’ombre à son pic, à Champ-Dollon, les détenu·e·s suffoquent dans les cellules. L’été passé déjà, les températures y avaient dépassés 37° selon Le Temps et la Tribune de Genève. Entassés 23h sur 24h dans ces cellules trop petites et notoirement surpeuplées, certains comparent la situation à des « châtiments corporels ».
Nous, membres de Parlons Prisons, sommes extrêmement inquiet·ète·x·s pour la santé et la sécurité des personnes détenues. Le « plan canicule » de l’Office cantonal de la détention qui propose de régler la situation avec des ventilateurs, est évidemment insuffisant. Par ailleurs, même ces mesures insuffisantes ne sont pas appliquées. Une travailleuse sociale, proche de détenus, nous a signalé très récemment que le nombre de ventilateurs reste trop faible dans plusieurs grandes cellules et que les portillons ou « guignardes » (petits clapet sur les portes) restent fermés alors qu’ils devraient permettre la circulation de l’air déjà largement entravé. En cette période de dôme de chaleur, les personnes détenues sont soumises à des conditions invivables et inhumaines. Des mesures radicales doivent être prises rapidement.
Le Ministère public et les tribunaux genevois incarcèrent essentiellement des personnes socio-économiquement défavorisées et des immigrés sans permis de séjour, exceptionnellement pour autre chose que de pour des petits délits. Ces personnes méritent-elles véritablement de subir ce type de « châtiment corporel » ? Alors que la période du Covid a montré qu’il était possible de libérer un grand nombre de détenu·e·s sans impact négatif sur la société, qu’attendent les autorités ?
En comparaison suisse, le canton de Genève fait un usage particulièrement excessif de la détention, notamment préventive. Plutôt que de régler le problème en construisant de nouvelles prisons pour enfermer toujours plus, il est grand temps de penser le dépassement du modèle carcéral.
Article du 21 août 2023, Genève.