Champ-Dollon : les détenus manquent d’air

Il y a plusieurs semaine, un collectif de détenus de l’aile Est du bâtiment de la prison de Champ-Dollon nous ont transmis une lettre-pétition adressée à la direction de la prison. Celle-ci fait état d’une « chaleur étouffante » et d’un « manque d’air » qui conduisent à sentiment « d’asphyxie » (voir ci-dessous).

Dans un courrier suivant, les détenus racontent avoir reçu en réponse une note de la direction affirmant que « tout se déroule selon les protocoles établis ». Ils ajoutent : « autrement dit, ils continuent de maintenir que tout va bien, que rien n’a changé, tandis que jour après jour, les traitements inhumains persistent. Nous constatons notre impuissance lorsque, accrochés aux fenêtres, nous sentons l’air frais qui circule à l’extérieur. Ces fenêtres restant fermées, nous avons terriblement souffert de la chaleur, et la claustrophobie qui en résulte mérite d’être dénoncée. Nous sommes des détenus, des délinquants, chacun avec son propre parcours de vie, mais je pense qu’il devrait y avoir des ‘Droits de l’Homme’ pour tous, car, avant tout, nous restons des êtres humains. »

Nous tenons ici à affirmer toute notre solidarité à ces détenus ainsi qu’à tou·te·s les autres qui souffrent de conditions de détention indignes et d’un système pénal destructeur.

Le problème n’est pas nouveau et la situation est en effet extrêmement préoccupante à la prison de Champ-Dollon. Cela fait maintenant plusieurs années que, chaque été, les températures y atteignent des niveaux critiques. Comme nous l’évoquions dans un précédent communiqué, il y a urgence et nous peinons à voir dans cette situation autre chose qu’une volonté délibérée de laisser pourrir la situation sur le dos des détenu·e·s. La surpopulation carcérale à Champ-Dollon et les conditions indignes qui y règnent résultent directement de la politique pénale du canton de Genève. Celle-ci cible et incarcère massivement les personnes précaires et les immigré·e·s sans permis de séjour pour des motifs mineurs. Alors que la période du Covid a montré qu’il était possible de libérer un grand nombre de détenu·e·s sans impact négatif sur la société, qu’attendent les autorités ?