Prisonnier·e·x·s violée·x·s par « leur » maton

Texte du Collectif de la Hache

1.
Vaud 2021 : prisonnière•x•s violée•x•s par leur maton.

Un maton de l’une des 2 prisons pour femmes de Suisse, la prison de
Lonay à Morges, a été jugé coupable d’abus sexuel par deux
prisonnière•x•s. Acquitté une première fois cet été, il vient d’être
condamné par le Tribunal cantonal à du sursis.

2.
Le maton abuseur était chef de cuisine à la prison de Lonay. Il a
profité et abusé de sa position d’attribution des postes de travail en
cuisine.

En Suisse, les prisonnièr•e•x•s sont astreint•e•x•s au travail en
prison. Le travail en cuisine est le travail forcé le plus « réjouissant
». Les prisonnièr•e•x•s de Lonay produisent, quotidiennement, dans des
sous-sols sans lumière du jour, des biens de consommation pour la grande
distribution comme des allume-feux pour la Coop ou des emballages en
carton pour de fameux chocolatiers locaux. En cas de refus du travail,
menaces d’endettement et sanctions sont la norme. A travail forcé
différent, « salaire égal », 2 francs de l’heure (une fois que
l’administration pénitancière a prélevé ses taxes journalières pour les
repas et la télévision). Attention, dans le cas de la cuisine les
prisonnièr•e•x•s sont toutefois tenu•e•x•s d’accepter quelques
fellations et pénétrations digitales contre le « privilège » de pouvoir
faire des heures supp’ payées à 2 balles de l’heure.

3.
Lors d’un premier jugement, le tribunal a acquitté le maton, l’été 2021,
considérant qu’il y avait consentement de la part des deux plaignantes.
Du point de vue du pouvoir, du point de vue formel et abtrait, la prison
est un lieu d’insertion sociale, où les mauvais comportements
individuels seraient recadrés.

Loin de l’idéologie bourgeoise, un aperçu de la situation réelle des
prisonnières de Lonay ne peut pas conduire à une telle conclusion.

Le taux de population étrangère dans les prison suisses est le plus
élevé au monde. Dans la continuité des internements administratifs en
cours jusqu’en 1981, des personnes sans-papiers, non-expulsables de
Suisse, sont incarcéré•e•x•s arbitrairement, lorsque l’Etat ne peut pas
procéder à leur renvoi. Ces personnes, interdite•x•s de travail légal,
sont exploité•x•s dans les prisons de toute la Suisse.

Pauvreté, travail forcé et dénigrant, quasi gratuit, humliations et
infantilisations sont le pain quotidien des prisonnièr•e•x•s. Dans ce
contexte d’exploitation et de précarité économique, tous les abus sont
possibles.

4.
Les femmes et minorités de genre sont spécialement victimes du système
pénal. En tant qu’incarcéré•e•x•s, mais aussi en tant que proches de
prisonniers. Feu aux prisons !

– En tant que prisonnière•x, avec des conditions de détention
absolument dégueulasses. Très minoritaire, en proportion de la
population carcérale, elles subissent une psychiatrisation massive qui
réprime les révoltes. Elles sont moins soutenue•x•s par leurs proches.
Elles vivent une culpabilité et des stigmates sociaux décuplés (mauvaise
mère, sœur, copine).
– En tant que femmes, sœurs, copines, mères de prisonniers qui ont
la charge mentale et émotionnelle de s’occuper de leurs proches détenus,
incarcérés car pauvres, voleurs, dealers, parfois violeurs. Le féminisme
carcéral, qui consiste à emprisonner des auteurs d’abus sexuels, est une
vaste fumisterie. Au final ce sont toujours les femmes qui paient. (c.f
travaux de Gwenola Ricordeau) L’incarcération des violeurs, comme la
justice réparatrice, pathologise les individus, personnalise les
agressions qui sont des faits sociaux et systémiques.

5.
Les prisonnièr•e•x•s, à l’écrasante majorité pauvres et/ou illégales en
Suisse, ne sont pas à même de faire valoir leur dignité légalement
pendant et après leur détention. Comment porter plainte, suivre une
procédure pénale suisse, sans fric et depuis un autre pays ?

Les deux victimes, brésiliennes, renvoyées de Suisse après leur peine,
ont exceptionnellement porté plainte. Leur plainte est l’arbre qui cache
la forêt.

Combien de violeurs tout-puissants chez les flics et les matons,
corsaires armés, virilistes, racistes, recrutés pour leurs aptitudes à
se soumettre et à soumettre à la loi du plus fort ?