Mouvement de protestation à Champ-dollon

Samedi 24 avril 2021, 23 détenus ont refusé de regagner leur cellule après la promenade à la prison de Champ-Dollon. La police est finalement intervenue vers 20 heure pour mettre fin à ce mouvement de protestation. L’administration de la prison est très avare sur des informations pourtant fondamentales comme les motivations des prisonniers. Le maigre et unique article consacré à l’événement par la Tribune de Genève ne nous apprend pas grand chose.

Des conditions délétères

La prison de Champ-dollon, en surpopulation massive depuis de nombreuses années, impose des conditions de détention inacceptables aux détenu.e.s. L’année dernière déjà, en avril 2020, une quarantaine de détenus avaient refusé de regagner leur cellule pour réclamer un traitement digne. Pour réduire les risques de propagation du coronavirus, ils revendiquaient en particulier la réduction du nombre de prisonnier alors que cette prison est invariablement surpeuplée. Un dispositif policier important avait été mis en place autour et dans la prison et les participants du mouvement s’étaient vus enfermés au cachot pour une durée de dix jours.

Mépris du Ramadan

Selon nos informations, c’est cette fois-ci la gestion désastreuse des repas pendant le Ramadan qui a poussé les détenus à la révolte. L’administration n’a prévu que deux oeufs et un fruit pour la rupture de jeûne, et ce, chaque soir. Ne laissant aux détenu.e.s d’autre choix que de garder le repas de 17h jusqu’à 21h alors qu’il n’est pas prévu pour être conservé. Aussi, de nombreuses personnes se sont retrouvées sur la liste des personnes faisant le Ramadan alors qu’elles ne le font pas. On imagine bien sur quels critères les maton.nes se sont basés pour écrire cette liste.

Le droit s’arrête aux portes de la prison

La Constitution fédérale garantit le droit d’accomplir les rites et les pratiques religieuses, mais ce droit semble s’arrêter aux portes de la prison de Champ-dollon. Une grande partie des détenu.e.s de Champ-dollon sont de confession musulmane, c’est un secret pour personne. Alors le fait que l’administration ne prenne pas en compte leurs droits fondamentaux ne peut être considéré autrement que comme un mépris délibéré de leur part. Ce qui pourrait expliquer que la direction n’ait pas pris la peine de communiquer sur les raisons du mouvement de protestation.

Un silence assourdissant

Ces évènements et le silence médiatique qui s’en suit mettent également en lumière le désintérêt global de la société pour le système carcéral, sa réalité et ses dysfonctionnements. En effet, rares sont les articles concernant les conditions de détention ou portant sur les protestations légitimes de détenu.e.s en Suisse. Souvent et bien malheureusement, les seuls articles existants sont publiés dans des journaux de droite et visent, sans surprise, à descendre, à dénigrer les minorités. Les prisons suisses sont surpeuplées, le système pénal et carcéral est raciste et les conditions de détention doivent être dénoncées. Le système carcéral reproduit les inégalités sociales contre lesquelles des milliers de personnes se battent « à l’extérieur ». Qu’en est-il des personnes détenues ? Les rares statistiques sur la population carcérale démontrent qu’on enferme les personnes déjà exclues par la société et son système. Mais rien n’est mis en place pour remédier à leurs problématiques. La prison ne réhabilite pas. Elle ostracise d’avantage.

Solidarité avec les révolté.e.s

Solidarité avec les prisonnier.e.s

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Collectif anticaréral