Canicule : Urgence à Champ-Dollon

Durant les étés 2022 et 2023, les personnes incarcérées à Champ-Dollon avaient dénoncé des conditions de détention invivables. Cellules surpeuplées, enfermement 23h sur 24h et températures encore plus chaudes qu’à l’extérieur. Encore pire dans les cachots (les cellules d’isolement) où les fenêtres ne s’ouvrent que de 10 centimètres, les grillages ne laissant pas circuler l’air [1]. En juillet 2022, alors que les températures s’élevaient à plus de 35°C dans les ateliers de la Brenaz, des détenus y avaient fait grève pour dénoncer des conditions de travail intenables. Tous avaient été sanctionnés par l’administration pénitentiaire [2].

Pour pallier les risques liés à la chaleur, l’Office cantonal de la détention (OCD, autorité responsable des prisons genevoises) avait annoncé un « plan canicule » en 2023. Ce plan devait s’accompagner de mesures afin de minimiser les risques pour la santé des personnes détenues : installation de ventilateurs, distribution de fruits, de glaces et de bouteilles d’eau. La commission des visiteurs officiels du Grand Conseil (organisme censé assurer le respect des droits au sein des prisons) avait alors réalisé une visite des établissements, notamment pour y contrôler les températures. Elle soulignait l’insuffisance des mesures mises en place [3]. Les ventilateurs achetés par des proches de personnes détenues n’étaient pas acceptés par l’administration pénitentiaire et, citant des « enjeux sécuritaires », l’OCD avait refusé d’installer un système de ventilation digne de ce nom [4].

Cette année, aucune communication de la part des autorités. Or, d’après nos informations, l’atmosphère est toujours absolument invivable à l’intérieur des murs. Les détenu·e·s se plaignent notamment du manque d’eau dans la cour de promenade. Certains décrivent des températures atteignant 45° en cellule. Durant la canicule de l’été dernier, certains détenus comparaient ce traitement à des « châtiments corporels ».

Vu l’aspect chronique du problème qui se représente systématiquement chaque été, Parlons Prisons peine à y voir autre chose qu’une volonté délibérée de laisser pourrir la situation, et ce, sur le dos des détenu·e·s. Il nous semble évident que ces « mesurettes » ne règleront pas le problème et qu’elles permettent, au contraire, de faire durer une situation intolérable. La surpopulation carcérale à Champ-Dollon et les conditions indignes qui y règnent résultent directement de la politique pénale du canton de Genève. Celle-ci cible et incarcère massivement les personnes précaires et les immigré·e·s sans permis de séjour pour des motifs mineurs. Alors que la période du Covid a montré qu’il était possible de libérer un grand nombre de détenu·e·s sans impact négatif sur la société, qu’attendent les autorités ?

 


 

Références :

[1] https://parlonsprisons.noblogs.org/post/2023/09/11/canicule-en-prison-un-chatiment-corporel/#more-939

[2] https://parlonsprisons.noblogs.org/post/2022/07/21/communique-de-presse-a-propos-de-la-canicule/

[3] https://www.tdg.ch/dome-de-chaleur-a-geneve-vivre-en-prison-avec-la-canicule-sapparente-a-un-chatiment-corporel-912214341941

[4] https://www.20min.ch/fr/story/mesures-pas-adaptees-a-la-realite-a-champ-dollon-747218646883


Communiqué de presse du collectif Parlons Prisons, 29 août 2024, Genève.